Il n’y a aucun doute le Scottish terrier est un chien dont l’origine est très ancienne puisqu’il existe dans diverses parties de l’Ecosse depuis des siècles.
Son origine n’est pas connue avec certitude, mais aussi loin que l’on puisse remonter le temps, des terriers aux pattes courtes et au poil dur ont toujours hanté les paysages écossais.
Les terriers étaient utilisés principalement pour chasser les renards qui abondaient, il fallait donc que ces chiens soient intrépides, actifs et rustiques. Les écossais recherchaient surtout ces spécimens qui possédaient toutes ces qualités car s’ils ne pouvaient résister à la vie dure qui était la leur, ils n’avaient peu de chance de survivre ou de laisser des descendants.Ce qui était vraiment recherché c’était un petit terrier actif, fortement charpenté, bas sur pattes, avec un poil double dur de façon à ce que cette fourrure touffue le protège contre ses ennemis et contre les mauvaises conditions météorologiques. Peu d’écrits nous sont parvenus des temps reculés mais tous confirment qu’il existait une race bien établie dans différentes parties de l’Ecosse, la plus ancienne description d’un terrier appartenant vraiment à l’Ecosse est faite par John Lesley,Evèque de Ross qui dans, son histoire de l’ Ecosse , le décrit comme étant un chien de petite taille, qui se glissait et chassait de leurs terriers les renards, les blaireaux les martres et les chats sauvages. Le Dr Lafayette se repère à un tableau de Sir Reynolds, dans lequel figure une jeune fille caressant un chien, ce chien de part son expression, ses oreilles, son apparence et sa couleur ressemble aux premiers spécimens du Scottish terrier, bien que la tête soit plus petite et le poil plus mou.
Cependant il existe une lettre intéressante d’un certain While Dunlop destinée à Walter Scott et qui concerne un Scottish nommé Wallace..


Vixen A early Scottish Terrier (Landseer 1824)

« Glashow juillet 1809.
Monsieur.
Pour vous remercier de votre gracieuse invitation, j’ai entrepris de vous trouver un terrier écossais provenant des territoires de l’ouest
Je me suis trouvé confronté à une tache bien plus difficile que je ne l’avais imaginée, car la race que j’avais en vue est devenue très rare, et, je ne pense pas que j’aurais pu tenir mes engagements si je n’avais pas été aidé par mon amie Miss Dunlop de Dunlop, aussitôt qu’elle comprit à qui l’animal recherché était destiné, Dunlop, Stewart et toutes les paroisses environnantes furent écumées sans succès, et le « gentleman » qui vous est livré avec cette lettre n’aurait jamais « aboyé » si cette dame ne s’était donné tant de mal .
En vérité il est venu au monde pour exprimer toute sa gratitude au poète que vous êtes et qui a illuminé et ravi sa vie.
Tout ce que je peux dire de la race c’est qu’en plus de ses instincts de chasseur et des autres choses qu’un chien accomplit, ils sont renommés pour leur sagacité et pour leur compagnie.

Si vous avez l’intention de couper ses oreilles et sa queue, c’est le moment.
Je reste votre serviteur dévoué.
W Dunlop.
3 ans plus tard, Scott prouve l’affection qu’il porte à son chien dans une lettre qu’il envoya à sa fille et dans laquelle il écrivit "Caresses du petit Wallace ".

En 1882, Samuel Bewick dans son histoire « des quadrupèdes », décrit la race :

Le Terrier écossais a un odorat particulièrement développé, il est expert dans l’art de faire sortir de leurs terriers les renards et autres animaux sauvages. C’est un ennemi acharné de tous les nuisibles belettes, blaireaux, rats, il a un poil dur, des pattes courtes, un dos long, il est très puissant et généralement de couleur jaunâtre avec du blanc et du noir.
Le Field book de 1833 déclare : il y a 2 sortes de terriers : l’écossais à poil dur et l’anglais à poil ras.
L’écossais est très certainement le plus pur du point de vue de la race et l’anglais semble être le résultat d’un croisement à partir de l’écossais.
Le terrier écossais est généralement bas sur pattes, rarement plus de 12 à 14 pouces au garrot avec un corps très musclé,des pattes très fortes, ses oreilles sont petites et demi dressées , sa tête grosse par rapport au corps et son museau assez pointu.
Il est légèrement de couleur sable ou noir la couleur blanche ou le panachage sont des signes d’impureté, le poil est assez long entremêlé et dur sur tout le corps.
Il existe une gravure très intéressante datant de 1835, qui est intitulée « Terriers d’Ecosse au travail sur un tumulus de pierres dans les montagnes de l’ouest », on peut y voir 7 terriers, bas sur pattes au poil dur très semblables morphologiquement , 2 semblent être noirs ou très foncés, 2 sont plus ou moins foncés et 3 sont de couleur claire ou sable, ils sont petits et fortement charpentés avec des museaux puissants mais plutôt courts et de petites oreilles à demi dressées., les queues sont portées à demi levées et coupées en laissant environ 5 à 6 pouces .Ces terriers sont en pleines poursuites avec leurs proies et chassent parmi les rochers, ils sont accompagnés par 4 chasseurs.

Le » Penny Magazine » de juillet 1834 contient l’article suivant sur les Terriers Ecossais.
Son odorat est plus que performant et son habilité pour chasser de leurs terriers les renards et autre petit gibier le rend indispensable dans la meute.
Son instinct de chasseur vis-à-vis des rats, des souris, putois et autre en fait un grand ami de l’homme.
On dit que le chien Billy aurait tué une centaine de rats en 5 minutes, il en va de même pour le blaireau, qu’il attaque avec un rare courage et souvent avec succès bien qu’il lui arrive quelquefois de souffrir au combat. Contre le renard il se montre aussi un adversaire acharné, il poursuit aussi toutes sortes d’animaux sauvages dans leurs terriers avec plus d’ardeur qu’aucun autre chien. Les chasseurs recherchent plus la force et la vaillance que la taille.

En 1837 Thomas Bell dans son livre « histoire des quadrupèdes Britanniques », dit ce qui suit à propos de la race :
- le terrier écossais au poil fil de fer diffère des terriers à poil court par la texture dure et sèche du poil, de son museau court, ses membres courts et forts et de la couleur du poil.

The MacIntosh en Heatherbee, gravure l'Acclimatation

Ces terriers sont utilisés là ou leur petite taille, leur force, leur courage sont demandés ainsi que là où il faut montrer de l’enthousiasme et de la persévérance. La façon intelligente avec laquelle ils s’occupent des rats les plus gros et les plus hardis et la rapidité avec laquelle ils les tuent est incroyable (ce passage parle du fameux chien Billy).
Le mot CUR (’roquet) était communément utilisé pour décrire n’importe quel petit chien.
En 1840, le colonel Hamilton Smith dans le volume x du « Naturalists Library » écrit ce mot. « Cur » est une mutation du mot celte « cu » du grec « kuon » et du latin « canis » tous se rapportant d’une manière emphatique au nom le plus ancien et le plus général du chien en Europe.

Dans cet ouvrage il considère sans aucune ambiguïté possible que le terrier écossais est le plus vieux représentant de la race de « Cur-Dog » des Iles Britanniques, et quelques unes de ses remarques valent la peine d’être lues.
Le terrier des Iles britanniques, considéré comme totalement différent du « tourne-broche » aux pieds tors du continent a même été remarqué par les écrivains grecs.
C’est peut-être une espèce indigène, parce qu’ Oppian, sous le nom des Agasseus, décrit sans aucune contestation possible, le terrier Ecossais ou race à poil dur.
Redinger parle de ce chien ancien en lui donnant le nom de Saufinder (sow-searcher) (le chasseur de sanglier) et notre petit terrier moderne particulièrement le terrier écossais ou espèce à poil dur et donc la race que nous pouvons considérer comme étant la plus ancienne des races de chiens des îles britanniques, maintenant à la considérer comme étant indigène est une autre histoire.
Aucun chien ne porte la tête aussi fière et altière où se dégage une telle impression de force que cette race, la distinction gage de pureté de la race est aussi bien visible, bien que nous ayons, soit par volonté délibérée, soit par accident deux variétés très différentes, la seconde encore plus ancienne, la plus authentique généralement connue sous le non de terrier écossais au poil fil de fer au museau court aux membres plus développés à la couleur sable clair ou ocre.


Siverdale Monarch, owned by M. H. Cheadle, London

Aucune des deux races n’a de pied tors ni un dos long en forme de tourne broche , tout ceci étant la preuve d’une forme de dégénérescence ou de mauvais croisements réalisés a partir de chiens de races plus grandes et mal assorties
Mrs Noney Flemming, éleveuse bien connue pour ses Cairn Terriers, raconte qu’il y avait en 1832, une lignée de Cairn terriers produite par Mac Donald de Waternish très connue pour son penchant qui consistait à chasser les loutres, mais encore plus connue à cause de la seule couleur voulue par le propriétaire, à savoir que tout ce qui n’était pas noir était exclu, ceci étant obtenu par la destruction de tout chien de couleur claire,
Pourquoi Waternish préférait-il la couleur foncée ?aucune idée, mais ses terriers étaient soigneusement sélectionnés, et à ce jour on peut avoir dans les portées des cairns Waternish..
Ma propre chienne » Loch Scolter out of the west » née en 1911 , me sortait presque toujours un chiot noir, quand elle mettait bas, et cette particularité était sans conteste liée à l’influence Waternish qu’elle possédait.
J’avais eu aussi, à l’occasion un chiot noir issu de son fils Sgitheach Dearg , mais cette tendance sembla s’arrêter avec ce chien.

Tous ces terriers, ne pouvaient pas manquer d’influencer d’une certaine manière la race des Skye, mais il semblait qu’une fois que la destruction volontaire des couleurs les plus claires dans les portées s’arrêtait, la qualité disparaissait plus ou moins.
L es notes prouvent des évidences supplémentaires de la relation qui existe entre le Cairn et le Scottish, qui à l’origine n’était pas tellement des races différentes, mais plutôt des types différents à l’intérieur d’une même race.
Les divers terriers d’Ecosse ont des racines communes, mais avec le temps, les divergences individuelles furent accentuées par un élevage sélectif.
Il y a une histoire intéressante se rapportant aux différentes variétés de terriers qui abondaient dans les Highlands de l’ouest dans les années 1880.
A cette époque, un certain capitaine Mackie, un des premiers éleveurs, raconte une tournée qu’il avait fait auprès d’Ecossais, propriétaires de plusieurs chiens de race depuis plusieurs années. Il rendit visite à un certain Robinson of Lochlomondside qui élevait des chiens de cette race depuis 60 ans environ, ses chiens avaient à peu près la stature d’un Fox terrier, possédaient un pelage broussailleux de texture dure, avec des têtes semblablse à celles des renards, des oreilles à demi dressées, et des queues portées gaîment, ils étaient de couleur gris rouille et chacun avait une patte blanche ou plus, et ils pesaient entre 17 et 20 livres.

D’après Robinson, cette caractéristique remontait à 20 ou 30 ans en arrière et avait pour origine un terrier qu’il avait eu de Mac Corkindale of Hell’sglen, et, il disait qu’il préférait toujours les chiots aux pattes blanches, Robinson disait que ses premiers chiens étaient plus courts sur pattes, avaient une poitrine plus descendue, mais que la couleur était restée la même,il raconta aussi au capitaine Mackie, qu’en Argyllshire, les terriers étaient de couleur sable avec une oreille dressée l’autre tombante, alors que dans le Perthshire ils étaient avec des couleurs variés mais surtout gris roux ou poivre et sel.

Le capitaine Mackie rendit aussi visite à un vieux gardien du nom de Donald Malloch, qui avait 7 ou 8 terriers.
Ses chiens étaient bringés gris ou sable, pesaient entre 17 et 20 livres, avec des têtes très fortes, des mâchoires puissantes, des museaux pointus avec une forte denture, leurs oreilles étaient à demi dressées, ils avaient de petites pattes très développées et très ossues mais torses.
Le capitaine Mackie trouva leur pelage parfait, mais que leur queue avait tendance à s’incurver sur le dos et que leurs oreilles étaient trop importantes.
Il rendit visite ensuite à Mac Donald de BlackMount près d’Inveroran où l’on élevait des terriers depuis toujours. Il y vit un petit chien très trapu, bas sur pattes, au poil fil de fer, du nom de « Shadrach «, qui pesait environ19 livres, avec des oreilles dressées plutôt un peu grandes, mais ce chien était très compact avec un cou puissant, un poil couché d’une longueur de 1 pouce ¾ comme couleur un mélange de noir, blanc et roux.
Il y avait aussi un autre terrier « conan », de couleur fauve, les oreilles demi dressées, un grand museau pointu, des petits yeux bien à l’abri

CH. Kildee, drawning by R. H. Moore, 1892

sous les sourcils, d’aspect assez lourd, un poil très dur et dru autour de la gueule et de la tête, son poil sur le corps était dur, serré et de longueur moyenne. Il se rendit ensuite chez Donald Cameron, un chasseur qui lui avait de jolis petits chiens chics, aux gueules et aux têtes courtes, bas sur pattes, longs de corps à la queue bien portée et au pelage clair. Ils avaient souvent les oreilles comme les "Staghound" (chiens utilisés pour la chasse à cour).
Les 3 chiens avaient un air espiègle, enjoué et un peu voyou mais ils étaient sûr d’eux, et hormis les oreilles ils auraient fait honneur à un exposant quelques années plus tard.


CH. Ace O' Deeside, Prop M.J.B. Pitt

EVOLUTION DU TYPE DU SCOTTISH TERRIER
D’après les données précédentes on est sûr qu’un petit terrier hirsute, bas sur pattes existait en Ecosse depuis bien des années et qu’il était reconnu comme une race bien distincte, indigène à ce pays .Mais il était considérablement différent du Scottish Terrier d’aujourd’hui, certaines des caractéristiques qui sont très prononcées de nos jours, étaient à l’origine bien moins marquées.
Les races, qui, par un élevage sélectif sont issues des terriers écossais à poil dur sont, le Scottish Terrier, le Skye Terrier, le Dandie Terrier, le Cairn Terrier et le West Highland Terrier.
Sous plusieurs aspects, le Scottish Terrier est le plus proche du Skye Terrier, que d’aucune race des Terriers écossais, de part sa charpente plus ossue, sa tête longue, son museau puissant, sa denture impressionnante et son aboiement grave.
Le Cairn et le Westie partagent certaines qualités, les 2 races sont plus vives mais leurs aboiements moins graves. Le type de tête du Cairn et du Westie est différent de celui du Skye et du Scottish, le crâne étant arrondi, le museau plus court et plus fin et les dents plus petites.

A une époque les terriers blancs qui naissaient régulièrement dans les portées n’étaient pas bien vus, mais on a pu constater qu’ils étaient souvent d’un très bon type, on les éleva à l’écart des terriers de couleur de façon qu’une race distincte se constitue, bien qu’il y ait connaissance de chiots blancs dans des portées de Scottish. de pure race, apportant les preuves plus flagrantes encore d’origines familiales communes.
Des vieilles lignées de terriers, une souche de grande pureté avec les caractéristiques d’origine d’un niveau très élevé fut celle que possédaient les Mac Donald de l’île de Skye, qui prétendaient, à la fin du 19eme siècle, avoir eu ses chiens depuis plus de 200 ans et ceux-ci sont bien entendu les ancêtres du Skye actuel.
Le Dandie dinmont terrier, est celui qui s’éloigne le plus des variétés d’origine, cette race s’est développée d’une façon très particulière, il ne partage plus les caractéristiques de base propres aux terriers d’origine, mais grâce à une sélection très soignée, il a donné un type très précis.
A l’origine, la plupart des terriers en Ecosse, semblaient avoir eu un corps ainsi qu’une tête de longueur moyenne , moyennement bas sur pattes, avec de petites oreilles, généralement demi dressées, possédant un pelage dur et broussailleux. Il semble cependant qu’il y ait eu 2 types à l’intérieur de la race, à savoir, un chien fortement charpenté et solidement bâti, et un autre plus léger, plus typé, bien qu’il y ait eu pendant la période de transition, des croisements entre ces différents types, alors que différentes races se développaient, races qui furent reconnues plus tard dans des catégories séparées. Il semble qu’il y ait une relation entre la conformation du chien et son caractère..
Un chien robuste avec de la substance et généralement plus calme et placide, alors qu’un chien plus léger, plus racé, plus en jambe semble très souvent être plus excitable, ne pouvant rester en place avec un aboiement plus aigu. Cette différence de comportement est visible à l’intérieur d’une race et s’accentue par rapport aux autres races de constitution et de type différent.
Un point intéressant est de constater, que des pieds blancs sont mentionnés en diverses occasions chez les terriers d’origine, on trouve du blanc de temps en temps au menton,à la poitrine,à la gorge, une petite rayure est acceptée.

Il semble qu’un très bon chiot dans une portée est souvent celui qui est masqué ainsi, d’où le dicton "recherche celui qui a du blanc".
Certains traits furent accentués par une sélection soignée que différents supporters considéraient correcte, de sorte que progressivement des types différents devinrent de plus en plus prononcés à tel point que chaque race devint totalement distincte de ses cousines.
Il y eut des controverses considérables sur le nom correct à donner au terrier écossais à poil dur, il fut successivement connu sous le nom de Skye Terrier, avant que cette race fut définitivement reconnue, de Scotch Terrier, Otter Terrier, Sorty Terrier, Diehard et Aberdeen Terrier ce dernier persista pendant plusieurs années, mais finalement le nom de Scotch Terrier ou Scottish Terrier fut reconnu et c’est sous le nom de Scottish Terrier, qu’il est universellement connu.